Images nourricières
Lorsqu’on rencontre une classe, invariablement les enfants vous demandent comment viennent les idées. Et sur cette bonne question, précisément, l’on sent bien que le maître ou la maîtresse ont eux aussi envie d’en savoir plus. Alors on explique. Chaque projet a son propre enchaînement de désirs, d’intuitions, d’hypothèses, de paris… mais l’envie de parler de telle ou telle expérience vous fait presque toujours remonter le temps, votre propre temps. C’est peut-être ainsi qu’un auteur ou un illustrateur qui s’adresse à la jeunesse est dans une situation de vieillesse anticipée… il puise plus tôt qu’autrui dans sa « réserve » d’enfance. Et nous tous sommes confrontés à ce plaisir de raconter les histoires aimées étant enfant ou à retrouver l’écho de notre propre enfance au hasard d’un livre qu’on découvre en même temps que son petit. Quel dommage de passer à côté de ce plaisir nourricier. Sans compter qu’il laisse une trace dans la mémoire de l’enfant, un pas décisif dans sa propre construction.